
Riad Salamé Père De Léa Salamé – Selon toutes les apparences, il était un magicien financier. Ces jours-ci, le patron de la Banque du Liban est blâmé pour le sort de ses compatriotes. Tout s’est terminé lors de la célébration. Il n’y a plus d’argent puisque la livre autrefois solide a perdu plus de 90 % de sa valeur par rapport au dollar.
Le Liban meurt entre la résignation et la colère alors que les produits de première nécessité comme l’essence et l’électricité sont coupés. C’est l’heure du bilan, et tout le monde le regarde : Riad Salamé, gouverneur de la Banque du Liban (BDL) depuis 1993, promoteur de la stabilité financière, facile à duper dans les montages et les discours lénifiants, et indestructible gardien de la clé du coffre-fort et son contenu.
Il a gardé à ses côtés les financiers du Golfe, les analystes de l’Iran, de la Syrie et du FMI, tout en esquivant les crises et les guerres à l’aide de ses prix de « meilleur banquier central » et des félicitations du président Chirac (qui lui a remis avec un passeport tricolore et la Légion d’honneur).
Riad, a-t-il dit, deviendrait un jour le président du Liban. Le gouverneur de la Banque centrale du Liban, qui possède de nombreux biens personnels et immobiliers en Europe, est la cible de deux accusations de blanchiment d’argent déposées par plusieurs organisations. Tous deux sont dirigés contre Riad Salamé, 70 ans, l’intouchable gouverneur de la banque centrale du Liban depuis 1993.
Salamé est l’un des hommes les plus en vue du Liban. Autrefois populaire pour avoir donné aux Libanais un niveau de vie étonnamment élevé dans les années 1990 et 2000 grâce à sa stratégie de maintien d’un taux de change fixe entre la livre et le dollar, sa politique est désormais largement désapprouvée.
Depuis l’automne 2019, la livre libanaise a perdu 90 % de sa valeur face au dollar américain, plongeant plus de la moitié de la population du pays dans la pauvreté. Il est largement tenu pour responsable de cet effondrement de la monnaie nationale. La première affaire a été déposée le 16 avril par l’avocat Antoine Maisonneuve au nom de l’organisation suisse Accountability Now, qui cherche à mettre fin à l’immunité historique dont bénéficie l’élite politique et économique libanaise.
Le 30 avril, les avocats William Bourdon et Amélie Lefebvre intentent une deuxième action au nom de deux groupes : l’association Sherpa, dont M e Bourdon fut le fondateur et longtemps président ; et le Collectif des victimes des pratiques frauduleuses et criminelles au Liban, un groupe franco-libanais déterminé à faire la lumière sur la corruption qui gangrène le pays.
Plusieurs centaines de millions d’euros d’héritage
Ces deux groupes affirment que M. Salamé, qui est également français, s’est constitué illégalement “un héritage de plusieurs centaines de millions d’euros” dans un document transmis au PNF et obtenu par Le Monde. Ils affirment que son “montant disproportionné” de richesse personnelle “accrédite l’existence du blanchiment d’argent” car il est incompatible avec ses salaires et traitements déclarés.
Dans une affaire de détournement présumé de Forry Associates et de la résidence Riad Salamé, le juge Ghada Aoun du bureau du procureur du Mont-Liban a émis un mandat d’arrêt contre le frère de Raja Salamé. En décembre, la justice suisse aurait transmis au Liban des preuves démontrant la culpabilité de plusieurs individus dans cette affaire. Ils sont soupçonnés d’avoir volé 326 millions de dollars de commissions à la Banque du Liban lors de la vente d’euro-obligations.
Ces fonds auraient cependant fini par se retrouver sur un compte bancaire suisse détenu au nom de Raja Salamé. Dans un développement connexe de la semaine dernière, le procureur du Mont-Liban a ordonné le gel des avoirs de nombreux dirigeants de banques, dont le président de l’Association des banques du Liban, Salim Sfeir.
Les hauts gradés de la Banque Audi font partie des personnes citées dans une nouvelle plainte déposée fin février par « Les gens veulent réformer le régime ». La famille de l’ex-Premier ministre Rafic Hariri est l’actionnaire majoritaire de Bank Med, et son conseil d’administration comprend Samir Hanna, SGBL Antoun Sehnaoui (également propriétaire d’un nouveau site), Saad Azhari pour Blom Bank, et l’ancienne ministre de l’intérieur Raya Hassan.
Rappelons que le général Imad Othman, qui était très proche de l’ancien premier ministre Saad Hariri, avait aussi un mandat d’arrêt contre le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé. Selon certaines informations, le magistrat chargé de l’enquête Forry Associates au Liban, Jean Tannous, a été empêché d’interagir avec ses homologues étrangers par le procureur général libanais, le juge Ghassan Oweidat, un proche de l’ancien Premier ministre Saad Hariri.
Forry Estate a été rémunéré pour ses services entre 2004 et 2014 par un tiers de la commission de 1 % payée par les banques commerciales qui ont acheté des certificats d’Étatdépôts par l’intermédiaire de la Banque du Liban. De l’aveu même de Riad Salamé, ces sommes, qui s’élèvent à plusieurs millions de dollars, ont été transférées et redistribuées au su de la commission centrale de la Banque du Liban.
Or, le nom de Forry Associates n’est pas mentionné dans le contrat signé par la Banque du Liban avec les banques locales, ce qui pousse les juristes à contester la légitimité des paiements versés à cette entreprise et intentionnellement déplacés à l’étranger par 6 banques locales.
