
Paul Veyne Fils – Nous avons été immédiatement persuadés de la formidable humanité de cet artiste lorsque nous avons rencontré Paul Veyne dans sa charmante masure provençale au pied du Mont Ventoux, où l’ambiance whisky était largement allongée avec de l’eau pour lui et du rouge local pour l’auteur de ces vers.
Le Pain et le Cirque (1976), Les Grecs croyaient-ils à leurs histoires (1983) et Quand notre monde est devenu chrétien ont tous été écrits par celui qui est aujourd’hui professeur honoraire d’histoire romaine au Collège de France (2007) . Début 2013, il débute sa nouvelle traduction de.
l’Énéide de Virgile, qualifiée de « nerveuse » et « pleine de sève », à l’image de son auteur, un octogénaire (Veyne est né en 1930) que l’on peut qualifier de « pétillant ” et ” empathique ” à travers l’art de l’euphémisme. Il écrit maintenant son autobiographie, qui offre une expérience de lecture unique mais non moins agréable.
La publication de Comment l’histoire s’écrit de Paul Veyne en 1970 a envoyé une onde de choc à travers les fondements marxistes et structuralistes du champ de l’étude historique. Selon ses propres termes, le but de l’article est de démontrer ” qu’il n’y a pas de règles historiques, malgré.
Ce que les termes de la ” science ” humaine pourraient impliquer ; au contraire, l’histoire est régie par des ” intrigues ” complexes dans le domaine de l’humanité. En réitérant le modèle des intrigues (notez le pluriel) dans Et dans l’éternité je ne s’en borerai pas, Veyne reconstruit sa propre identité au moment d’écrire sa propre histoire.
Les intrigues sont structurées chronologiquement dans le monde entier, mais permettent de multiples allers-retours dans le temps. Le récit de vie de l’auteur se présente comme un collage de nouvelles, une marqueterie littéraire dont la composition reflète l’ambiguïté inhérente aux échanges incontournables de la vie.
Veyne mélange une grande variété de matériaux, dont une fable originale sur la façon dont il s’est intéressé à l’histoire à l’âge de huit ou neuf ans après avoir découvert la pointe d’une amphore romaine qui s’était échouée sur une colline surplombant Cavaillon. Il y a aussi des histoires de grandir dans une famille quelque peu.
Marshaliste dirigée par un père marchand de vin en Provence occupée, où le jeune Veyne rencontrerait diverses grosses bêtes sur le chemin de la poursuite de ses études à la khâgne, Ecole Normale Supérieure Veyne. Des cours à l’École pratique des hautes études (où il étudie auprès de.
Le Goff et d’Althusser puis se lie d’amitié avec Foucault), à la Sorbonne, et au Lycée français de Rome nous valent la présentation de l’embarras hilarant de l’auteur sur un champ d’études tunisiennes creuse. Encore une fois, Veyne reprend d’autres sujets, tels que son introduction émerveillée.
l’Italie, son appartenance non conventionnelle au Parti communiste, sa farouche opposition au colonialisme, ses amitiés avec René Char et Michel Piccoli, et son éventuelle inscription au Collège de France sous la tutelle de Raymond Aron, dont il finira par rompre lors de son ascension au pouvoir.
Essai futile de premier ordre, dont il faut lire en toute franchise le résumé fourni par Paul Veyne magnifique articulation, en tout cas, du « pacte autobiographique » : après mon premier cours. Quand je suis revenu pour parler à la conférence de Raymond Aron, non seulement il m’a poussé.
A l’écart, mais il a également jeté ses étudiants sur moi. J’avais été bien plus méchant que nécessaire avec lui, et il avait raison. Aron m’a aidé à être admis au Collège de France. Le programme anonyme que je venais d’exposer dans mon discours d’introduction n’avait rien d’aronien.
Aron n’a même pas été salué ou reconnu parce que personne n’a prononcé son nom. N’ayant même pas la compréhension la plus fondamentale des normes sociales, j’étais soit ingrat, soit pire. À vrai dire, c’était un robinet qui fuyait ; l’idée que n’importe qui puisse devenir disciple ne m’était jamais venue.
Pour moi, s’identifier comme un “Aronien” était une notion étrange ou juvénile, à égalité avec les noms fictifs que les enfants se donnent dans les jeux de simulation. Un chapitre entier est nourri de son amour fou de la montagne, qui a failli lui coûter la vie sur une crête de.
l’Aiguille Verte, et s’articule donc aux intrigues dont nous dirons qu’elles découlent de sa formation. D’autres, il s’avère, sont très personnels, et peuvent être lus sans fausse modestie : sa connexion à son moi physique (Paul Veyne a une difformité faciale appelée Leontiasis ossea). Je tremble à l’idée de ce que ça aurait été.
Si j’étais une femme, ajoute-t-il, son rapport à la transcendance, le suicide de son fils, la mort de sa seconde épouse des suites du sida, ou encore l’alliance conclue avec celle-ci pour formaliser et régir la trio qu’ils feront avec un nouvel ami. Il faut lire les mémoires de Paul Veyne si sa réputation d’historien est incontestable.
Certainement d’un point de vue historique; le témoignage offert ici sur le rôle du chercheur dans la France d’après-guerre est capital. L’auteur, Veyne, parle d’expérience personnelle lorsqu’il dit que la soi-disant « tergiversation du doctorant » gagne à être comprise comme le symptôme d’une nécessairetinuum de maturation des idées.
C’est une bonne nouvelle pour tout doctorant terrifié par le temps qui passe. Pour autant, l’autobiographie n’a pas à être fatalement estimée, ce qui pourrait être tentant selon le système de valeurs de ce que le métier d’auteur appellerait les « historiens professionnels », car elle.
Echappe au champ de l’histoire entendue comme un discours strictement focalisé sur un objet extérieur à lui-même. Si ce n’était pas déjà clair, il imite le mystère et la structure du processus historique en racontant le récit de sa propre vie. La saveur que nous anticipons ici sera moins.
Celle d’un regard conceptualisant tourné vers l’extérieur que celle d’une autopsie intime dans toutes les dimensions que peut prendre ce mot. Une vie pleine de héros, de points lumineux, de recoins sombres et de rebondissements inattendus. Et la démonstration minutieuse de.
