Alfred Petit Fils – Documentaire sur l’affaire Alfred Petit diffusé sur Chronique canadienne de NT1 le 25 février 2017 à 21 h. Croisement avec un policier. En mai 2001, une histoire choquante et incomprise se déroule à Saint-Jacques-sur-Darnétal, une banlieue de Rouen dans la région française de Seine-Maritime : le cas d’Alfred Petit, souvent connu comme le double meurtre du couple Roussel. Le suspect majeur, Alfred Petit fils, s’est suicidé en se pendant dans sa cellule de prison parisienne à l’issue de trois procès d’assises tumultueux qui ont terrifié sa famille et le public.
Une mesure préventive qui a failli conduire à la catastrophe
Après le meurtre des époux Roussel, un gendarme était en patrouille à Boos, sur le plateau est de Rouen, lorsqu’il tombe nez à nez avec Alfred Petit dans une voiture en stationnement. Le gendarme, cependant, n’avait aucune idée de qui était Alfred Petit. Un simple contrôle qui a failli se terminer en catastrophe pour le gendarme Pascal Bigue et sa compagne lorsque le suspect a pointé une arme à feu sur eux.
Après 16 ans, le soldat a consenti à évoquer l’affaire Alfred Petit et la nuit qu’il n’oublierait jamais pour le documentaire Criminal Chronicles. On saura plus tard qu’il appartenait à Danielle Roussel, pour qui on passera des jours à chercher son corps. Cependant, les gendarmes à cette époque savaient encore très peu de choses sur le double homicide.
La tête du conducteur était complètement masquée par l’intérieur de la voiture. Nous nous sommes arrêtés, nous sommes sortis, nous nous sommes approchés de lui et lui avons demandé s’il allait bien. Même si nous ne pouvions pas voir son visage, il est sorti de sa voiture et a pointé un revolver sur nous en disant : « Pascal Bigue », presque de façon robotique. Comme s’il pouvait simplement fermer les yeux et vivre tout l’incident dans son esprit.
Une courte scène dont le soldat se souvenait dans les moindres détails, notamment les vêtements qu’Alfred Petit portait et l’éclairage. J’ai fait un effort pour marchander avec lui. Pascal Bigue, qui avait cherché à sortir son pistolet de service de son étui, rapporte qu'”il a répondu qu’il n’était pas là pour discuter puis la réponse d’Alfred Petit est venue, froide et perçante : Si tu fais ça, tu es mort, je te tue. Le gendarme n’oubliera jamais ces mots.
Il essaie de tirer, mais le pistolet fonctionne mal
Ensuite, tout est allé très vite. Quand le collègue de Pascal Bigue a vu dans quel sens les choses allaient, il a dit une chose… Cette fois, Alfred Petit le visait directement avec le pistolet. Le policier a attrapé sa lampe de poche et s’est préparé à le frapper. Par la suite, Alfred Petit a tiré avec son arme. Tout aurait pu changer en une fraction de seconde, mais la carabine d’Alfred Petit s’est bloquée à cause d’un ressort desserré.
Pascal Bigue dit : “Ce petit déclic que nous avons entendu signifiait que nous étions toujours en vie, et nous ne l’oublierons pas.” Les deux gendarmes sautent sur cette occasion, mais Alfred Petit réussit à s’échapper à pied vers Ymare, laissant derrière lui son arme à feu (que la troupe a récupérée) et son écharpe (qu’il a laissée derrière une haie) en chemin.
Après avoir obtenu un congé, il n’est pas retourné en prison
L’homme fuyait les autorités lorsqu’il a été appréhendé par deux collègues gendarmes. Un document retrouvé dans le sac à dos abandonné d’Alfred Petit sur les lieux de son évasion a confirmé qu’il n’était pas retourné à la prison de Val-de-Reuil à la suite d’un congé. Un avertissement a été émis. Les patrons, collègues et policiers des deux gendarmes se présentent tous sur les lieux.
Les premières découvertes révèlent que la Fiat Uno abandonnée d’Alfred Petit sur les lieux est couverte de sang. Les gants retrouvés dans la voiture avec du sang seront analysés, et l’ADN d’Alfred Petit et de Danielle Roussel sera retrouvé sur les gants. Le célèbre criminologue Pascal Bigue dit : La Fiat est le lien qui a permis de faire le lien avec le double meurtre des époux Roussel.
La recherche d’Alfred Petit, le fugitif recherché, a commencé immédiatement et a duré jusqu’à lundi soir, lorsqu’il a été appréhendé à côté d’un cimetière dans un village proche de la maison de ses parents. Il a été appréhendé par la police alors qu’il portait le pantalon, le pull, les lunettes, le chapeau et la queue de cheval identiques à ceux qu’il portait lorsque nous l’avons vérifié. Nous nous sommes rendus à la gare afin de l’identifier positivement.
Pascal Bigue rappelle que l’ordre des événements décrits dans leurs dépositions n’a jamais changé. Il y a eu trois procès pleins de rebondissements inattendus et de confusion : le fils d’Alfred Petit, qui a refusé de parler à qui que ce soit, y compris ses avocats, et son père, qui a explosé de rage dans la pièce sous l’escalier perdu après qu’un témoin a témoigné avoir vu deux silhouettes, appartenant peut-être à Alfred Petit Sr. et Alfred Petit Jr, près de la grange de Saint-Jacques-sur-Darnétal, où a été retrouvé le corps brûlé de Jean-Jacques Roussel.
Jusqu’à Alfred Petit, fils, suicidé, vécu par le Soldat en renfort, le gendarme Pascal Bigue se souvient de nombreux détails des témoignages de la mère et de la sœur d’Alfred Petit, deux femmes (qui portent également le même prénom). On éprouve un certain soulagement même s’ils ont fui sans nous dire leur secret (NDLR : Alfred Petit Père s’est aussi engagé ; il s’est pendu dans sa grange le 15 février 2004, après le non-lieu du premier procès d’assises).
Le militaire révèle qu’il tourne une nouvelle page et souhaite qu’Alfred Petit voie la vérité. Cependant, Alfred Petit n’a rien vu et rien compris. Le gendarme désabusé précise qu’il n’a manifesté aucune sympathie. Le gendarme Bigue évita longtemps la rue de l’Eglise, où il avait rencontré par hasard Alfred Petit. Même s’il est en patrouille et qu’il reviendra bientôt dans la région, il est clair qu’il n’arrive pas à se le sortir de la tête.
Certes, la vie continue, mais ce sont les repères qui méritent d’être rappelés. Le gendarme résume : Nous ne pouvons pas les oublier. On croyait qu’il avait aidé son fils à tuer un couple marié. Un double homicide, un procès suspendu, un accusé silencieux, et voilà que le père de l’accusé silencieux s’est suicidé. Saura-t-on un jour qui a tué les Roussel et pourquoi ? Alfred Petit, accusé de les avoir tués en cavale en mai 2001 et dont le père a été découvert pendu jeudi, va-t-il avouer le crime et faire la lumière sur ce qui s’est passé cette nuit-là ?
Un des avocats des parties civiles espère : Le père a disparu, le silence n’a plus la même vertu. Le parquet de Rouen a demandé vendredi une enquête sur la mort d’Alfred Petit. L’enquête sur les circonstances entourant le procès sans suite d’Alfred Petit fils le 13 décembre reste ouverte. On se souvient tous qu’à la toute fin de ce procès, un témoin a affirmé avoir vu Alfred Petit Père aux premières heures du 18 mai 2001, près du lieu du crime.
Quatre jours plus tard, le corps de cette personne sera découvert dans la Seine avec une tête et des membres coupés. Les experts conviennent que c’était le travail d’un boucher qualifié. Alors que Petit Jr. ne travaille pas sur le terrain, son père le faisait; il était flic et boucher. Les raisons de ces crimes dépassaient l’entendement de quiconque.
Des preuves de sang et la découverte de son ADN et de celui de Mme Roussel sur le même gant ont conduit à l’arrestation du fils Petit. C’est une preuve suffisante pour que la partie civile le déclare coupable. En revanche, “nous ne voulons pas la condamnation, nous voulons connaître la vérité”, comme le dit l’un des avocats.
La résidence Franqueville de la famille Petit est perquisitionnée le 18 décembre. Tous les couteaux sont emportés. Dans les jours suivants, nous devrions avoir les résultats des analyses de la police scientifique. Le suicide par pendaison était la méthode de choix pour le détenu qui avait été reconnu coupable du meurtre des Roussel en 2001 et condamné à la prison à vie en 2006. Depuis le début, il avait prétendu le contraire.